Dans l’ancien Testament, Tamar est une jeune fille victime d’inceste. C’est tout le combat de Claire-Aurélie Véraquin, la fondatrice de l’association Les enfants de Tamar créée le 13 novembre 2018. Un combat que cette femme assume aujourd’hui après avoir elle-même été victime d’un père incestueux. Sa reconstruction fut longue : « Elle est passée par l’écriture de mon livre Du viol au pardon. C’est surtout la rencontre du public et l’interpellation d’élèves en danger qui m’ont fait agir. Ce fut une évidence pour moi de fonder une structure pour protéger les enfants des violences sexuelles. Cela n’existait pas dans le département de l’Eure », se souvient la professeur en lycée.
« L’important c’est l’accompagnement »
Depuis, Claire-Aurélie Véraquin rencontre des professionnels et surtout des victimes. Et les chiffres sont effroyables selon elle : « 95 % des violences sexuelles sur les enfants se déroulent dans leur famille, 60 % des viols sont commis sur des mineurs et 1 enfant sur 5 est agressé, 55 % des victimes ne parlent pas et quand elles le font, 70 % des plaintes sont classées sans suite et 1 % uniquement arrive au bout des procédures. C’est intolérable ! Nos enfants ne sont pas en sécurité et surtout chez eux. Alors, pour nous, l’important c’est l’accompagnement et croire l’enfant pour l’emmener vers une guérison. »
Pour ce faire, grâce au soutien d’une avocate, de 2 psychologues, d’une victimologue et de plusieurs psychothérapeutes, l’association prend en charge l’accompagnement de victimes par des groupes d’écoute et de parole — « où il faut prendre le temps et mettre des mots sur les conséquences post-traumatiques, explique Claire-Aurélie Véraquin. D’ailleurs, la première action est de déposer plainte » — par des ateliers d’expression (écriture, art-thérapie, socio-esthétique, équicoaching) et par des rencontres avec les parents et les aidants afin de trouver les meilleurs thérapeutes.